Le cahier « Notre solidarité : un territoire à décoloniser », qui reprend et complète le contenu des ateliers, est un outil destiné à étoffer les réflexions et à susciter des débats qui, espérons-le, contribueront à enrichir nos pratiques de solidarité internationale.
Loin de prétendre à l’objectivité, ces textes reflètent nos positions politiques, féministes et anticoloniales. Les critiques, parfois acerbes, des pratiques de la coopération internationale participent d’une analyse systémique qui met en lumière des tendances dominantes tout en passant sous silence les exceptions à la règle. Cette posture critique englobante nous semble nécessaire pour provoquer de profondes remises en question. Toutefois, nous – en tant que militantes d’un projet de solidarité avec la Colombie – n’échappons pas à ces critiques. Dans cet esprit, les écrits sont parsemés de bulles référant à l’expérience du PASC. Intitulés « Parcours de solidarité directe », ces exemples tirés de nos propres échecs, débats internes, réussites et dilemmes, témoignent de notre processus de réflexion autocritique alimenté par la démarche proposée ici. Il faut toutefois noter que l’interprétation de ces moments d’histoire ne fait pas toujours consensus au sein du groupe; aussi les bulles que vous trouverez dans ce Cahier ne sont qu’une manière de raconter notre expérience.
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Introduction
L’introduction présente le cadre d’analyse du projet en mettant en lumière les principaux concepts utilisés. Y sont abordés les contributions des mouvements féministes et de l’analyse anticoloniale ainsi que les rapports Nord/Sud.
Chapitre 1 Défis de la solidarité: mettre en jeu nos privilèges
Le premier chapitre introduit les notions nécessaires à une analyse faite en termes de rapports de pouvoir et qui permet de comprendre les défis inhérents aux relations solidaires entre acteurs du Nord et du Sud. Dans un premier temps, nous présentons l’approche féministe anticoloniale en nous appuyant sur les concepts d’oppression, de catégories sociales et de privilèges. Par la suite, la réflexion se porte sur les moyens de reconnaître nos privilèges et d’agir avec eux.
1.1 Qu’est-ce que l’oppression ?
- Catégories sociales et rapports de pouvoir
- Les catégories sociales : entre revendications et transgressions
- L’intersectionnalité de l’oppression
1.2 L’hégémonie de la normalité
1.3 Mettre en jeu nos privilèges
- Reconnaître nos privilèges
- Un miroir peu flatteur
- Mécanismes de défense
- De la culpabilité à la responsabilité
Chapitre 2 Aux sources de l’action internationale
Dans le chapitre 2, nous proposons une lecture historique de ce qui, de nos jours, est nommé solidarité internationale en suggérant d’y distinguer trois ensembles d’influences politiques : (1) la charité chrétienne et le mouvement humanitaire, (2) l’internationalisme en tant que solidarité politique, (3) l’aide publique au développement, pour ensuite nous pencher sur les spécificités de l’action des organismes de coopération internationale (OCI). Dans un dernier temps, nous abordons le thème de la citoyenneté mondiale, une manifestation actuelle de la solidarité internationale. Pour offrir des pistes de débats, nous présentons certaines critiques qui sont formulées à l’égard de chacun des courants. Faire ressortir les différents courants d’idées qui orientent l’action internationale a pour objectif d’inviter les acteurs et actrices à énoncer les positions politiques qui sous-tendent leurs initiatives de solidarité internationale.
2.1 De la charité à l’action humanitaire
- Les fondements religieux de la charité
- Colonisation et missions civilisatrices
- Des missionnaires aux organisations humanitaires
- Neutralité de l’action humanitaire
- La compassion à plusieurs vitesses
- Quel droit d’ingérence pour l’action humanitaire ?
- ONG et forces militaires : même combat ?
2.2 L’internationalisme ou la solidarité entre les peuples
- L’Internationale prolétaire
- Internationalisme et anti-impérialisme
- La fin des idéologies ?
- L’Internationale de la Résistance
- Une ONGéisation des mouvements sociaux ?
2.3 L’aide publique au développement (APD)
- Un instrument de la politique extérieure des États riches
- Aide et contrôle politique
- La notion de « développement »
- Développement durable et néolibéralisme
2. 4 Les organismes de coopération internationale
- Les OCI au Québec
- Les OCI et les ONG, des acteurs politiques
- La légitimité des ONG
- Relations avec leurs partenaires du Sud
2. 5 Citoyen-ne-s du monde : consommation et solidarité ?
- La citoyenneté mondiale et le tourisme équitable
- Qu’est-ce que la citoyenneté mondiale ?
- Les limites de l’action citoyenne
Chapitre 3 Canadien-ne-s en solidarité internationale
Le dernier chapitre, dédié aux relations solidaires Nord/Sud, se penche sur le rapport à l’Autre et a pour but de cerner les privilèges propres aux Canadien-ne-s engagé-e-s en solidarité internationale.
En reprenant les réflexions partagées par des militant-e-s et d’ancien-ne-s coopérant-e-s, nous y abordons différentes tensions, souvent taboues, qui traversent le travail de solidarité internationale dans le but de lancer les débats qui nous permettront d’affronter collectivement ces défis, lesquels, faute d’attention, sont souvent cause de désengagement.
3.1 Privilèges spécifiques à l’exercice de la solidarité internationale
3.2 Les rôles des militantes du Nord en solidarité internationale
3.3 Rapport à l’Autre
- De la pitié à l’empathie
- Images de la souffrance
- Des victimes actrices de changement
- Qui aide qui ?
- Aidant-e ou Allié-e
Annexe 1 Esclavage, Génocide et Guerre au terrorisme
Se basant principalement sur l’apport théorique des féministes afro-américaines et autochtones, ce texte propose une lecture féministe du projet colonial du Canada.
Annexe 2 Le rôle des ONG au cœur de la tourmente: le cas d’Haïti
Avec plus de 500 années de colonisation, des politiques économiques coloniales toujours en vigueur, des catastrophes à répétition, la plus grande proportion d’ONG par habitant au monde, Haïti est un cas où s’exacerbent des contradictions douloureuses. Le rôle des ONG y est fortement remis en question. Nous avons décidé d’y consacrer une annexe ayant conscience que le sujet d’Haïti ne peut pas être abordé dans le milieu de la coopération québécoise sans créer de vifs débats. Nous avons tenté de rendre justice au débat en cours sans pour autant cacher notre opinion sur le sujet.