La citoyenneté mondiale et le tourisme équitable

Bien que les séjours de coopération internationale soient une forme particulière de voyage à l’étranger, il est intéressant de noter les chevauchements entre ces voyages et les nouvelles alternatives de tourisme éthique. De nombreuses organisations sociales, agences gouvernementales et ONG offrent maintenant des possibilités de voyage pour des personnes du Nord soucieuses de réaliser des voyages dans le Sud qui soient socialement responsables. Nommées tourisme « équitable », « réalité », « responsable » ou « solidaire », ces options sont à la hausse, offrant aux ressortissants du monde occidental la possibilité de combiner tourisme et éducation politique, bénévolat, militantisme, et/ou travail de lobbying. L’ONG étasunienne Global Exchange en est un bon exemple. Elle offre des «  tours-réalité pour des voyageurs avec conscience politique »(143), lesquels se recrutent principalement au sein de la classe moyenne blanche des États-Unis. Selon les termes de l’ONG, les touristes sont appelés à voyager en tant qu’«ambassadeur citoyen». Ses forfaits incluent la visite de communautés locales dans le but de faire connaître leurs conditions de vie et d’ainsi sensibiliser les participant-e-s aux injustices mondiales. Les reality tour de Global Exchange mettent l’accent sur les mouvements sociaux pour donner de la visibilité à la résistance et « à l’ingéniosité des populations locales ».

Ces formes de voyages éthiques sont également offertes par le secteur privé. En 2009, les éditions de voyage Frommer’s ont publié 500 endroits où vous pouvez faire une différence, un bon exemple du croisement entre l’industrie lucrative et l’organisme sans but lucratif. Répondant à la demande grandissante en écotourisme, ce guide promet d’inspirer les lecteurs et lectrices avec des choix allant « des soins aux orphelins de Delhi, à la construction d’école à Madagascar ». Avec ces 500 options, les vrais-faux-touristes se font offrir le meilleur des deux mondes : découvrir la planète de « manière extraordinaire » tout en servant les communautés visitées.(144)Du côté francophone, les éditions françaises Petit futé, spécialisées dans les guides de voyage, ont publié un guide intitulé Tourisme solidaire.(145)

Pour certain-e-s, ces formes de tourisme sont louables et pleines d’espoir. Pour leurs critiques, elles offrent aux Occidentaux un moyen rapide et facile d’acheter leur bien-être en apaisant leurs malaises de touristes pour les reconstituer en tant qu’êtres éthiques et moraux.(146) Quelques chercheur-e-s ont, par ailleurs, suggéré que ces formes de tourisme plus responsables ne sont pas pour autant moins envahissantes, en dépit de leurs prétentions.(147) Nous tendons à être en accord avec ces derniers et voulons susciter ici un questionnement sur le concept de citoyenneté mondiale.

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143 Global Exchange. 2010. [En ligne] http://www.globalexchange.org/tours/mission.html (Consulté le 19 juillet 2010)
144 Mahrouse, « Questioning efforts that seek to “do-good”… ».
145 Éditions Petit futé, [En ligne] (Consulté le 19 janvier 2011.)
146 Mahrouse, « Questioning efforts that seek to “do-good”… »
147Lisle, « Joyless Cosmopolitans…»