Les initiatives de solidarité internationale naissent pour la plupart d’un sentiment d’injustice face aux inégalités Nord/Sud. Les militantes qui investissent ce champ d’action sociale proposent une nouvelle distribution du pouvoir entre les différentes régions du globe. À ce titre, les réseaux de solidarité internationale auxquels participent des actrices du Nord comme du Sud se présentent comme une forme alternative de relations, basée sur des principes d’égalité. Toutefois, comme les relations Nord/Sud relèvent d’un rapport de domination historique, les bonnes intentions ne sont pas suffisantes pour renverser ces inégalités. La question se pose donc : comment parvenir à transformer cette relation à la base inégalitaire ?
Cette question, centrale pour plusieurs mouvements de solidarité internationale, impose un regard critique sur nos pratiques, nous invitant à observer comment, malgré nous, nous reproduisons les rapports d’oppression que nous souhaitons abolir. La démarche que nous proposons vise, dans un premier temps, à identifier ces rapports de pouvoir afin de penser, dans un second temps, leur dépassement au sein de relations solidaires.
Nous n’étudions pas la mappemonde et les sociétés humaines depuis notre vaisseau spatial, avec un regard extérieur au genre terrien : nous sommes actrices de cette société et contribuons à reproduire et à réinventer les relations sociales. C’est pourquoi nous proposons de commencer en nous situant nous-mêmes au sein de cette société mondiale, en prenant conscience de notre propre position dans les rapports sociaux. Nous cherchons à cerner les privilèges qui nous sont octroyés et qui sont refusés aux acteurs et actrices avec lesquels nous souhaitons construire des relations solidaires.