Le cahier « Notre solidarité : Un territoire à décoloniser » est en chantier… Nous y avons soulevé plusieurs questionnements qui nous habitent, issus de notre expérience au sein du PASC. Espérons que ceux-ci pourront servir à toutes celles et ceux qui croient en la solidarité internationale.
Pour cela, nous croyons qu’il est nécessaire d’explorer davantage les questions soulevées dans ce document. Nous invitons tous les groupes qui font de la solidarité internationale le centre ou une partie de leur action et qui partagent nos préoccupations à poursuivre ces réflexions et à prendre le temps nécessaire pour se pencher de manière critique sur leurs pratiques et leurs doutes quant à celles-ci.
Loin de vouloir provoquer découragement et résignation, nous espérons raviver la mémoire des luttes à l’origine de nos actions. Quelles sont les valeurs qui nous tiennent à cœur ? Quel est le changement social que nous voulons voir ? Quel est ce malaise, ce sentiment de révolte qui nous pousse à vouloir changer cet ordre social mondial ?
Enfin, en tant que Canadiennes, il nous semble important de conclure sur la nécessité pour l’action de solidarité internationale de prendre position vis-à-vis de l’État canadien. De manière sporadique, les critiques des politiques gouvernementales qui sont menées sur les plans national et international se font entendre, notamment sur la présence de l’armée canadienne en Afghanistan, les coupures de financement d’ONG, et le besoin d’encadrer l’activité des compagnies minières canadiennes. Cependant, il est important d’affirmer publiquement que le Canada est un pays colonial, les politiques étatiques qui ne font pas l’unanimité en sont autant de manifestations identifiables. Le Canada a été bâti sur la conquête de terres et la soumission des peuples autochtones, et aujourd’hui, l’État mène sa politique étrangère de manière à exercer un contrôle politique et à tirer sa part de richesses de l’économie mondiale sur le dos des populations des pays pauvres. Comment pouvons-nous être solidaires du Sud tout en soutenant par notre silence les politiques impérialistes de l’État canadien? La déloyauté vis-à-vis de la classe canadienne privilégiée et son principal représentant qu’est l’État est une condition nécessaire à l’exercice des solidarités.