Colorer l’invisible

« L’oppresseur n’a pas d’existence apparente. »-17- Lise Noël, L’intolérance.

Les membres des groupes sociaux hégémoniques méconnaissent souvent les dynamiques d’exclusion qui touchent les non-membres de leur catégorie. Cette ignorance contribue à rendre invisibles leurs privilèges, lesquels se voient sacralisés au sein de l’ordre « normal » des choses.

Par exemple, une femme lesbienne qui a souffert d’exclusion et qui a dû réaliser nombres de coming out pour expliquer son orientation sexuelle à son entourage, s’identifiera plus facilement selon son orientation sexuelle qu’une femme hétérosexuelle qui n’a jamais eu à expliquer et défendre publiquement ses choix sexuels et amoureux. De la même façon, il est difficile pour une personne de peau noire vivant en Amérique du Nord d’oublier son appartenance à un groupe racialisé, alors qu’une personne de peau blanche ne s’identifiera généralement pas selon la couleur de sa peau et ne se questionnera pas sur sa « race ».

« De la même manière que les membres d’un groupe linguistique dominant pensent qu’ils n’ont pas d’accent lorsqu’ils parlent, les Blancs pensent qu’ils n’ont pas de race ».18- Ruth Frankenberg, White Women, Race Matters.

> Whiteness ou l’approche de la blanchité critique Selon cette approche, être blanc n’est pas une couleur mais une marque de privilèges. De nombreux privilèges sont attachés à la peau blanche, ceci peut s’expliquer par l’expansion européenne, le colonialisme, l’esclavage et enfin l’impérialisme occidental. Les tenant-e-s de cette approche souhaitent rendre visible l’affiliation à la majorité blanche dominante, démasquer la construction d’une normalité blanche pour dévoiler les privilèges qu’elle offre aux Blancs et l’oppression qu’elle engendre pour les non-Blancs.

—————————————
17- Noël, Lintolérance, p. 17.
18- Frankenberg, White women, Race Matters…