Situation injuste s’il en est une, en tant que représentantes d’ONG du Canada, nous nous voyons offrir un statut particulier aux yeux des autorités locales : forces de l’ordre, hauts fonctionnaires, élu-e-s, etc. Quand les portes des bureaux gouvernementaux se ferment devant l’organisation partenaire du Sud, elles s’ouvrent devant nous. Non seulement la vie des citoyen-ne-s des pays riches est dotée d’une valeur ajoutée, leur discours également revêt une crédibilité supérieure. Ce privilège est à la base de l’accompagnement international et de l’observation internationale. La seule présence « d’internationaux » dans une région de conflit crée un effet dissuasif auprès des autorités responsables de la répression : le coût politique associé à la mort d’une étrangère (du Nord) est nettement plus élevé que la mort d’une citoyenne (du Sud). De la même façon, les revendications formulées par l’ONG du Nord auront plus de poids que celles présentées, année après année, par un ensemble d’organisations locales. Plusieurs organisations du Sud utilisent ainsi leur contact avec des ONG du Nord afin de faciliter leur accès aux décideurs publics.