Un instrument de la politique extérieure des États riches

On peut retracer l’origine des programmes d’aide internationale à la fin de la Seconde guerre mondiale, avec la création des institutions financières internationales de Bretton Woods en 1944 (Banque mondiale et Fonds monétaire international) et le Plan Marshall pour la reconstruction de l’Europe en 1947. L’aide économique offerte par les États-Unis à l’Europe vise alors essentiellement à contrer le communisme et à asseoir l’hégémonie de cette nouvelle superpuissance. Dans le contexte de la guerre froide, cette aide se veut un outil pour étendre les zones d’influence des deux grandes puissances. N’ayant pas donné lieu à des affrontements armés directs, la rivalité entre les États-Unis et l’URSS se joue, dès la fin des années 1940, sur le terrain de ce qu’on appela le Tiers Monde (1), au moyen des programmes de développement. Rappelons que plusieurs pays africains acquièrent à ce moment leur indépendance; le retrait des États coloniaux s’accompagne d’une présence grandissante des organisations internationales et de programmes d’aide provenant de ces anciennes métropoles. L’APD est également un moyen d’accroître la puissance économique, notamment par l’accès aux ressources naturelles nécessaires au monde industriel, tel le pétrole, par la pénétration de nouveaux marchés de consommation et par l’investissement dans les nouvelles industries des économies dites émergentes. Le mariage entre les notions de sécurité nationale (envers un ennemi communiste) et de développement, encore présent aujourd’hui, se dessine alors.

(1) Pendant cette période, le terme « Premier Monde » référait aux pays industrialisés du bloc de l’Ouest alors que le « Deuxième Monde » référait aux pays socialistes du bloc de l’Est. Le terme « Tiers Monde » désignait alors les pays « non alignés », d’où l’importance pour les deux puissances impérialistes de l’époque (l’URSS et les États-Unis) d’y étendre leur zones d’influence. Notons que de nos jours le terme « Quatrième Monde » est utilisé pour désigner les peuples autochtones, entendus comme « marginalisés des marginalisés ».