De la pitié à l’empathie

>L’empathie désigne la capacité d’un individu à percevoir et à comprendre les sentiments, émotions et les ressentis d’une autre personne en ayant la capacité de se projeter à sa place mais sans nécessairement ressentir ces sentiments ou émotions ainsi que leurs conséquences.(160) L’empathie implique donc un processus de recul intellectuel qui vise la compréhension des états émotionnels de l’Autre, sans la prétention de pouvoir vivre en chair ces émotions..

> Pitié Sentiment d’affliction que l’on éprouve pour les maux et les souffrances d’autrui, et qui porte à les (voir) soulager[…].(161)

La position prise vis-à-vis de à l’Autre se cristallise dans les émotions ressenties devant sa souffrance : indifférence, tristesse, rage, pitié, empathie, etc. Ces émotions dépendront de la relation et de la vision que nous avons des autres personnes (sont-elles des égales ? des étrangères ?) ainsi que de la manière dont nous nous concevons (est-ce que ce qui leur arrive pourrait aussi nous toucher ? sommes-nous différents ou semblables ? sommes-nous responsables ?).

Les relations de pouvoir entre les militantes du Nord et les populations du Sud font que les premières reçoivent de l’empathie et les secondes de la pitié, ce qui renforce l’inégalité.(162) La relation d’empathie est une relation entre personnes plus ou moins égales, car elle implique sinon le partage, du moins la compréhension de la souffrance. Au contraire, la relation de pitié renforce la différence de pouvoir entre celle qui voit et celle qui souffre. Fréquemment, la pitié mène à la charité, alors que l’empathie mène plus facilement à la solidarité.

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160 Charron. C. et al. 2007. La psychologie de A à Z. Paris: Dunod, p. 62.
161Trésor de la langue française informatisée, [En ligne] http://atilf.atilf.fr/tlf.htm
162 Mahrouse, « Race-conscious transnational activists with cameras… », p. 88-89.